Jacques Wallet,
Univ Rouen Sciences de l'éducation (TIC)
Il existe beaucoup de points de vue sur la définition
d'une compétence. Chacun d'eux induit des conséquences
sur les systèmes mis en place pour les acquérir.
D'une façon
générale, la compétence englobe les savoirs.
Il n'y a pas de compétence, même procédurale,
sans savoirs associés. La compétence est vue dans un
contexte socio-éducatif scolaire où la contextualisation
est primordiale. On définit alors la compétence comme
:
savoir DANS l'action
(savoir faire)
savoir SUR l'action (formalisation)
savoir POUR l'action (protocole)
Après
cette descrition, Jacques Wallet nous intéroge sur l'efficacité
pédagogique des TICE dans ce contexte socio-constructiviste.
Il s'agit alors de s'interroger sur les paradigmes, sur la représentation
mentale d'un dispositif TICE.
L'Environnement Informatisé d'Apprentissage Humain est obligatoirement
un dispositif multiréférencé où l'homme
et le matériel sont partenaires (certains parlent de Machines
Partenaires).
Il conclue sur la notion d'évaluation qui devra toujours être
regardée dans toute sa complexité.
Jean Paul GEHIN,
Univ Poitiers Sociologue du Travail
Il apporte nous un regard sur l'histoire
du mot "compétence". Avant cela il s'agit d'observer
le contexte actuel dans lequel ce mot est employé.
Jean Paul Gehin propose un triangle sur lequel il
place, à chaque sommet, compétence,
connaissance et qualification. La
notion actuelle de compétence tend à se subsituer à
la notion de qualification. L'évolution étymologique
présenté ci-dessous nous éclaire sur les enjeux
sociétaux liés à cette transformation.
Tout d'abord, et puisque bien souvent compétence
et connaissance sont renvoyés dos à dos, Jean Paul Gehin
nous propose de définition du mot connaissance du
Petit Robert : "action de connaître, de se faire une idée"
et de l'épistologue Gaston Bachelard (1884
- 1962) :
"la connaissance est la réponse
à une question"
ce qui n'exclu en rien la participation d'une action,
d'un savoir faire.
XVes
La compétence est une attitude reconnue légalement.
Aujourdhui, un tribunal se déclare incompétent pour
juger telle affaire.
VIIIes
La compétence devient une connaissance appronffondie
qui donne à celui qui la possède le droit d'agir ; c'est
un expert.
1980
La notion intervient dans le champs du travail. Elle remplace alors
la notion de qualification et son sens emprunte une voie vers la qualité.
Cette évolution est très fortement corrélée
avec la loi de 1971 qui introduit le concept d'éducation permanente.
1986
Les milieux patronaux se préoccupent de la notion de compétence
associée à la formation permanente. C'est un retournement
de situation de la part des entreprises qui, jusque là, ne
s'étaient pas préoccupées du domaine de la
formation. Le CNPF devenu le MEDEF aujourd'hui organise de nouvelles
formes de qualification qui introduisent un nouveau classement des
salaires selon l'analyse de Jean-Paul Gehin.
Au même moment, la notion se diffuse au sein de l'Éducation
Nationale Française : il est nécessaire de réformer
les programmes, il faut se rapprocher de l'entreprise. Cela conduit,
vers la fin des années 80, à la diffusion des diplômes
professionnels.
Pour conclure,
Jean-Paul Gehin nous interroge sur le problème de la mesure,
de l'évaluation de la compétence et du lien étroit
qui existe aujourd'hui entre l'école et l'entreprise. Les savoirs,
les compétences dites "non-productives" ont-ils encore
une place dans l'École ?
Jean Pierre Thibault
Univ Poitiers Psychologue
du développement
Qu'est-ce que l'apprentissage?
Apprendre, mémoriser, est-ce la même chose ?
Qu'elle relation existe-il entre apprendre et mémoriser ?
La notion de mémorisation est traitée
à un seul moment : lors de l'évaluation. Dans ces conditions,
quel peut être le devenir, le futur, d'une compétence
?
Jean-Pierre Thibault nous apporte la lumière
d'un psychologue en posant comme précepts à sa réflexion
que les conflits de vocalubaire entre connaissance et compétence
n'ont pas lieu dans la sphère de la psychologie cognitive.
On parlera de savoirs déclaratifs où
les informations sont factuelles et de savoirs procéduraux
où le traitement mis en jeu relève de la cognition.
Il s'agit, lors d'une phase d'apprentissage, de construire
une représentation mentale d'une situation
ou d'un cheminement. Celle-ci organise, indexe, range selon un ordre
relationnel, différents savoirs qui sont nécessaires
à la construction de la représentation mentale. C'est
un ensemble connecté de connaissances en relation causale.
Apprendre, c'est modifier, apporter un complément
à la carte mentale que nous avions d'une situation donnée
(savoir déclaratif ou/et procédural).
Cela amène Jean-Pierre Thibault a nous exposer
les théories naïves. Elles reposent sur
le principe que l'on a toujours une idée, juste ou fausse,
d'une situation. L'apprentissage devient une modification de cette
idée, de cette "intuition". Peut-être devra-t-on
se libérer d'une théorie naïve complétement
infondée pour être en mesure de débuter une autre
construction mentale ?
Jean-Pierre Thibault termine son exposé en
insistant sur la contextualisation d'une acquisition,
d'un apprentissage. La faculté de généralisation
du savoir pourra dépendre de la manière dont l'acquisition
a été construite.