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mardi 20 septembre 2005

Apprendre : des connaissances aux compétences


 

 


Jacques Wallet,
Univ Rouen Sciences de l'éducation (TIC)
Il existe beaucoup de points de vue sur la définition d'une compétence. Chacun d'eux induit des conséquences sur les systèmes mis en place pour les acquérir.

D'une façon générale, la compétence englobe les savoirs. Il n'y a pas de compétence, même procédurale, sans savoirs associés. La compétence est vue dans un contexte socio-éducatif scolaire où la contextualisation est primordiale. On définit alors la compétence comme :

savoir DANS l'action (savoir faire)
savoir SUR l'action (formalisation)
savoir POUR l'action (protocole)

Après cette descrition, Jacques Wallet nous intéroge sur l'efficacité pédagogique des TICE dans ce contexte socio-constructiviste. Il s'agit alors de s'interroger sur les paradigmes, sur la représentation mentale d'un dispositif TICE.
L'Environnement Informatisé d'Apprentissage Humain est obligatoirement un dispositif multiréférencé où l'homme et le matériel sont partenaires (certains parlent de Machines Partenaires).
Il conclue sur la notion d'évaluation qui devra toujours être regardée dans toute sa complexité.

Jean Paul GEHIN,
Univ Poitiers Sociologue du Travail
Il apporte nous un regard sur l'histoire du mot "compétence". Avant cela il s'agit d'observer le contexte actuel dans lequel ce mot est employé.

Jean Paul Gehin propose un triangle sur lequel il place, à chaque sommet, compétence, connaissance et qualification. La notion actuelle de compétence tend à se subsituer à la notion de qualification. L'évolution étymologique présenté ci-dessous nous éclaire sur les enjeux sociétaux liés à cette transformation.

Tout d'abord, et puisque bien souvent compétence et connaissance sont renvoyés dos à dos, Jean Paul Gehin nous propose de définition du mot connaissance du Petit Robert : "action de connaître, de se faire une idée" et de l'épistologue Gaston Bachelard (1884 - 1962) :

"la connaissance est la réponse à une question"

ce qui n'exclu en rien la participation d'une action, d'un savoir faire.

XVes
La compétence est une attitude reconnue légalement. Aujourdhui, un tribunal se déclare incompétent pour juger telle affaire.

VIIIes
La compétence devient une connaissance appronffondie qui donne à celui qui la possède le droit d'agir ; c'est un expert.

1980
La notion intervient dans le champs du travail. Elle remplace alors la notion de qualification et son sens emprunte une voie vers la qualité.
Cette évolution est très fortement corrélée avec la loi de 1971 qui introduit le concept d'éducation permanente.

1986
Les milieux patronaux se préoccupent de la notion de compétence associée à la formation permanente. C'est un retournement de situation de la part des entreprises qui, jusque là, ne s'étaient pas préoccupées du domaine de la formation. Le CNPF devenu le MEDEF aujourd'hui organise de nouvelles formes de qualification qui introduisent un nouveau classement des salaires selon l'analyse de Jean-Paul Gehin.
Au même moment, la notion se diffuse au sein de l'Éducation Nationale Française : il est nécessaire de réformer les programmes, il faut se rapprocher de l'entreprise. Cela conduit, vers la fin des années 80, à la diffusion des diplômes professionnels.

Pour conclure, Jean-Paul Gehin nous interroge sur le problème de la mesure, de l'évaluation de la compétence et du lien étroit qui existe aujourd'hui entre l'école et l'entreprise. Les savoirs, les compétences dites "non-productives" ont-ils encore une place dans l'École ?

Jean Pierre Thibault
Univ Poitiers Psychologue du développement
Qu'est-ce que l'apprentissage?
Apprendre, mémoriser, est-ce la même chose ?
Qu'elle relation existe-il entre apprendre et mémoriser ?

La notion de mémorisation est traitée à un seul moment : lors de l'évaluation. Dans ces conditions, quel peut être le devenir, le futur, d'une compétence ?

Jean-Pierre Thibault nous apporte la lumière d'un psychologue en posant comme précepts à sa réflexion que les conflits de vocalubaire entre connaissance et compétence n'ont pas lieu dans la sphère de la psychologie cognitive.
On parlera de savoirs déclaratifs où les informations sont factuelles et de savoirs procéduraux où le traitement mis en jeu relève de la cognition.
Il s'agit, lors d'une phase d'apprentissage, de construire une représentation mentale d'une situation ou d'un cheminement. Celle-ci organise, indexe, range selon un ordre relationnel, différents savoirs qui sont nécessaires à la construction de la représentation mentale. C'est un ensemble connecté de connaissances en relation causale.
Apprendre, c'est modifier, apporter un complément à la carte mentale que nous avions d'une situation donnée (savoir déclaratif ou/et procédural).

Cela amène Jean-Pierre Thibault a nous exposer les théories naïves. Elles reposent sur le principe que l'on a toujours une idée, juste ou fausse, d'une situation. L'apprentissage devient une modification de cette idée, de cette "intuition". Peut-être devra-t-on se libérer d'une théorie naïve complétement infondée pour être en mesure de débuter une autre construction mentale ?

Jean-Pierre Thibault termine son exposé en insistant sur la contextualisation d'une acquisition, d'un apprentissage. La faculté de généralisation du savoir pourra dépendre de la manière dont l'acquisition a été construite.

 

 

Bertrand Charier, 20 septembre 2005